Est-ce que vous pouvez commencer par vous présenter, vous êtes photographe depuis combien de temps ?
Je suis photographe depuis 2018, même si ce n’était pas mon métier à la base, j’étais journaliste pour un magazine de sport au sein duquel j’étais rédacteur en chef. Puis j’ai été amené à travailler avec des grands photographes qui m’ont donné envie de m’intéresser à la photographie. Pour moi c’était un vrai métier que je ne me sentais pas capable d’exercer. C’est sur un reportage en Islande avec David Gonthier (aussi connu sous le nom de « Pixel en Cime ») que j’ai pu m’initier à la photographie en l’accompagnant sur son travail. Une des photos s’est retrouvée en couverture du magazine pour lequel nous travaillons. Fier de cette mise en avant, (même si c’est David qui avait fait tous les réglages au préalable) je me suis dit que ça pouvait être envisageable de prendre moi-même des photos.
David Gonthier vous a donc accompagné dans ce métier ?
Oui, il m’a prodigué de précieux conseils techniques, et aussi sur le matériel, et je pense que c’est une semaine après ce voyage en Islande que j’ai acheté mon premier objectif.
Au début j’ai commencé à m’entrainer en photographiant des copains qui courent, j’avais déjà un certain œil critique du fait de mon poste de rédacteur en chef mais j’ai dû bosser la technique à fond.
En nous associant, nous avons pu réaliser un long reportage à la Réunion ce qui nous a permis de sortir un livre qui s’appelle « Grand Raid de La Réunion, une histoire de fou ». David Gonthier a pris les photos et j’ai rédigé le texte.
Par la suite j’ai beaucoup comparé mon travail avec celui d’autres photographes, j’ai pris des conseils des uns et des autres pour progresser techniquement, c’est ma force aujourd’hui, et petit à petit les clients ont commencé à me faire confiance.
Aujourd’hui le métier de photographe est devenu votre activité principale ?
J’ai ma propre entreprise de communication à Clermont-Ferrand où je travaille pour des magazines, des organisateurs et des marques comme pour Salomon. Nous travaillons toujours autour de projets liés au sport et à la photo donc on peut dire que je vis en partie de la photo ! J’ai eu aussi la chance de faire partie des photographes officiels du Grand Raid de La Réunion ça serait une chance d’y retourner cette année.
Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer sur le terrain spécifique à la photo de sports « Outdoor » comme le trail ?
Il faut savoir jouer avec le timing, la lumière, penser aux difficultés du terrain, il y a aussi la configuration du sac à prendre en compte, le poids varie entre 8 et 15 kg et il faut se déplacer vite avec, sur des parcours où il peut y avoir du gros dénivelé.
Les qualités physiques sont essentielles pour pouvoir être présent à plusieurs endroits du parcours ! Il y a un important travail de repérage, d’anticipation et d’adaptation bien sûr.
Pour vous, qu’est-ce qu’une bonne photographie de sport ?
Je suis particulièrement sensible à saisir un coureur évoluant dans des espaces naturels et immenses parce que ça donne envie d’être à sa place ! Pour réaliser ce genre de photo il faut trouver le paysage parfait et capter le détail des couleurs qui fera ressortir le sujet dans le paysage.
Les photos prises au lever du soleil en haut d’un col, d’un sommet à La Réunion ont aussi mes préférences. Pour ça il faut se lever très tôt et attendre pour parfois un ou deux clichés. Mais lorsque l’on estime la photo idéale on se dit que ça en vaut la peine !
L’Utra Trail est aussi une source importante d’émotion chez le coureur. Comment cherchez-vous à les capter ?
Effectivement la douleur, la frustration, la colère, la tristesse font partie intégrante du milieu « Ultra » que l’on apprend à saisir avec des plans zoomés par exemple.
À ce sujet une de mes photo a été primée il y a trois ou quatre ans à un concours de Strava « Year in sport » dans la catégorie « pro ». C’était une photo d’un père et son fils à l’arrivée du Grand Raid en pleurs, l’émotion étant saisissante.
Est-ce qu’il y a beaucoup de concurrence autour de la photo dans ce sport ?
C’est vrai que nous sommes relativement nombreux, tous ceux que je côtoie régulièrement ont tous quelque chose, une patte… même si pour moi il y en a un qui sort du lot : Alexis Berg. Cependant j’apprécie la concurrence qui est plutôt saine, il y a beaucoup de respect, c’est une entente cordiale et on est tous content de se retrouver sur les événements.
Vous a-t-il été difficile de vous faire une place dans la photographie ?
Oui c’était compliqué au début, mais ma casquette de journaliste m’a quand même beaucoup aidé et finalement je me suis fait une place.
La partie sensible reste la tarification qui ne doit pas léser le travail des photographes, je me suis fixé des règles car même si je voulais attirer de nouveaux clients, les photographes déjà présents ne devaient pas subir mon arrivée.
Alors quels ont été les points sur lesquels vous vous êtes démarqués ?
Avec le savant mélange de technique, de vision personnelle et en essayant de prendre le meilleur des photographes que j’admire.
Il a aussi fallu imaginer des sujets un peu originaux. Pour le magazine « Point de côté », par exemple, j’ai fait un reportage spécial où je cherchais à montrer comment on reconnaissait physiquement des trailers. Ce qui m’a amené à faire des photos de pieds dans les zones de ravitaillement, auprès des services de podologie… ce sont des photos à la base pas forcément esthétiques mais le rendu était super intéressant.
Et quel matériel vous utilisez ?
Je suis sur un Canon R5, un hybride depuis 2 ans maintenant. J’étais un peu contre le modèle hybride au départ car je ne voulais pas laisser l’objet dicter ma technique, et c’est d’ailleurs pour ça que j’utilise tout le temps le mode manuel.
En revanche il y a une meilleure mise au point et on peut la faire sur tout l’espace de la prise de vue. Pour les arrivées de nuit il monte bien en iso, par exemple lors de l’arrivée du Grand Raid à 22h c’est la technique qui peut sauver le photographe.
J’utilise aussi un trépied et un flash pour les photos de nuit seulement. S’il y a un côté artistique à apporter avec le flash, je n’aime pas que ça dénature la photo, je suis plutôt friand de la lumière naturelle.
À qui vendez-vous vos photos ?
Essentiellement des magazines et des organisateurs et rarement aux coureurs. Sauf s’ils me demandent, et encore si c’est le cas je peux parfois leur offrir.
Mes cibles sont surtout les organisations et les médias, je ne suis pas intéressé par la « photo dossard », je préfère raconter l’histoire de la course avec mon appareil et aider les rédacteurs à faire leur travail !
Comment diffusez-vous vos photos ?
Mon site n’est pas tout à fait à jour mais je diffuse mes photos sur les réseaux sociaux, et auprès des médias avec lesquels je travaille.
Est-ce que vous pouvez me dire si vous avez des projets à venir pour 2022 ?
Nous sommes officiellement associés avec David Gonthier, nous travaillons avec Salomon sur une série de courses nationales appelée Golden Trail National Series : David sera le photographe principal. Quant à moi je gèrerai la communication sur les réseaux et dans la presse. Nous avons également d’autres projets en cours qui, je l’espère, devraient nous permettre de pas mal bouger cette année.
Au niveau international, avec d’autres photographes, je m’occuperai de la communication sur 6 courses et une finale à Madère.
Je serai aussi présent à l’Ultra « Terre des Dieux » en Corse. Puis sur plusieurs événements habituels dans la région clermontoise.
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