Rencontre avec Nathanaël Bordes sur sa passion de la photographie de sport d’endurance mais pas seulement…
Nous avons parlé World rookie tour, vente de photos, canon 1dx mark 3, Zegama Aizkorri, flashs déportés, Pauline Ballet et FFA.
Nathanaël Bordes, photographe.
Cet Ariégeois s’est fait connaitre dans le milieu de la photographie de sports d’endurance notamment grâce à sa série de clichés sur Djilali Bedrani. Coureur invétéré et crossman authentique, Nathanaël Bordes se dévoile au sujet de la photographie de sport qu’il pratique comme il court : avec passion.
Depuis combien de temps tu fais de la photo ?
Je suis passionné de photo depuis mes plus jeunes années. Cela dit je me dédis avec sérieux à la photo de sport depuis 2 ans via mon auto-entreprise, en complément d’activité à côté de mon boulot.
Quel sport photographies-tu?
Mes sollicitations se diversifient de plus en plus. J’ai eu la chance de couvrir à la fois du vélo comme sur La ronde de l’isard l’année dernière, une course de vélo internationale espoir qui a lieu chez moi en Ariège, et de l’athlétisme, la plupart du temps également, par exemple avec le Toulouse perche cette année.
Cette année je serai aussi sur des sports plus visuels comme le French Kiss Rookie Tour, un évènement mondial de snowboard qui rassemble les meilleurs jeunes qui se réuniront en Autriche pour intégrer la coupe du monde. Il y a une seule étape en France qui a lieu chez moi cette année, c’est une belle occasion de s’initier à d’autres formats.
Qu’apprécies-tu le plus dans le métier de photographe ?
Sur le moment, la sensation de vivre pleinement l’évènement en étant présent sur le terrain, au plus proche des athlètes. Le côté « action » me rappelle les courses auxquels je prends part. Et ensuite, partager des clichés sympas dans des environnements spéciaux qui sortent visuellement de l’ordinaire. En dernier lieu, je dirais illustrer les belles valeurs du sport avec de l’image et encourager la pratique en compétition.
Tu as des exemples ?
Sur les courses de vélo, j’aime immortaliser les participants dans l’ascension des cols avec, en toile de fond, des sommets ou dans un registre urbain, faire ressortir le côté décalé et extraordinaire de la place du Capitole où des perchistes décolle à plus de 5m devant un public.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans ton activité de photographe ?
Sur les évènements majeurs type sport professionnel, la difficulté d’obtenir les accréditations sans carte de presse constitue l’obstacle principal au développement de mon activité de photographe de sport. N’étant pas journaliste, la récupération des précieux sésames n’est pas une mince affaire. Contourner cette barrière à l’entrée de photographe professionnel demande de la réactivité et de l’audace !
Coté terrain, la gestion de l’instantané n’est pas chose facile. Aussitôt le cliché pris, il doit être posté. Les médias ne rigolent pas avec les délais. Une photo postée 3 minutes après sa prise semble obsolète lorsque l’on travaille avec la presse.
Comment fais-tu pour être réactif alors que tu es sur le terrain?
Cela demande de l’anticipation, de la préparation et du matériel adapté. Pour ce dernier point, j’utilise un boitier connecté qui permet d’envoyer les photos au média en wifi via un transfert FTP.
Une bonne photo de sport c’est quoi pour toi Nath ?
Je décortiquerais cela en 3 points :
- Une expression spéciale du concurrent qui dégage une émotion particulière
- Qui reflète l’ambiance dégagé en direct
- Un paysage, une lumière, un environnement qui illustre au mieux la ou les particularités de l’évènement
Est-ce qu’il y a beaucoup de concurrence autour de la photo dans ce sport ?
Oui, nous sommes beaucoup de photographes pour très peu de professionnels. Beaucoup d’organisateurs font encore le choix de confier la prise de clichés à leurs bénévoles : pas évident pour les photographes professionnels de valoriser leur travail dans ce contexte.
Comment contrer cette tendance ?
En tant que photographe, il n’y a pas 36 solutions : il faut soit négocier avec un média, ce qui constitue pour le moment 90% de mes rentrées d’argent grâce à la photo, où alors travailler avec une agence qui souhaite valoriser ces photos auprès d’un sponsor voir de la vente en direct.
Comment ton travail se démarque-t-il dans ce panier de crabes ?!
J’essaie à mon humble échelle d’allier réactivité, qualité du cliché le tout associé à mon œil de passionné. L’envie aussi joue énormément. Le métier de photographe se développe énormément et pas que sur le sport : il nous est essentiel pour nous photographe de se former pour évoluer sans cesse sur des points techniques comme l’utilisation à bon escient des flashs déportés (batterie de 30×30 de 1kg avec un flash placé à un endroit stratégique). Ces type de clichés sont très appréciés sur les canaux de communication digitaux et notamment les réseaux sociaux.
Je reste quand même convaincu que l’œil ne remplacera jamais la technique, surtout dans le sport. Par ailleurs et sans vouloir dénigrer le travail des bénévoles qui font parfois du meilleur boulot que moi sur le plan photographique, la réactivité est souvent sous-estimée par les organisateurs pour mettre en valeur leurs évènements en temps réel. La couverture photographique par un pro garanti à la fois de toucher les médias, les suiveurs mais surtout de satisfaire l’ensemble des coureurs qui garderont un souvenir indélébile de leur participation.
Quel matériel utilises-tu ?
Un Canon 1dx mark 3, et 3 optiques
- un 300mm (focal fixe qui permet de faire des gros plans)
- un 70/200 pour faire des plans zoom moins important
- un 24/70 pour faire du gros plan paysage.
A qui vends-tu tes photos ?
Aux médias principalement pour le moment. Je souhaiterai idéalement me diversifier en bossant en direct avec les organisateurs avec comme objectifs de vendre les photos aux coureurs.
Comment diffuses-tu tes photos ?
J’utilise mon site, mon compte instagram et Facebook.
Pour 2022, quelles sont tes courses « coup de cœur » et tes projets ?
2022 ne sera pas une grande année de meeting dans le Sud de la France mais j’irai sûrement recouvrir le Toulouse capitole perche. Quant à mes coups de cœur, le Meeting de Paris Indoor serait une consécration magnifique et qui semble allier le plus mes compétences avec mon expertise de l’athlé. Je pense aussi au meeting Herculis à Monaco, sur la route à un gros marathon comme Paris.
- Pour le côté local le marathon du Montcalm
- Le côté festif les crêtes d’Espelette
- Pour l’ambiance le trail de Zegama Aizkorri
- Le côté officiel, avec les Frances de courses de montagne à Arrens Marsous.
En vélo : le rêve du tour évidemment, et surtout Paris/Roubaix pour faire ressortir les conditions dantesque que j’affectionne particulièrement.
Pour finir quels sont les photographes qui t’inspirent le plus ?
Pour la mode, je citerais Jill Greenberg pour ses portraits très colorés ou Nath Sakura pour son travail de lumière à couper le souffle.
Côté sportif, j’aime beaucoup le travail de Pauline Ballet et de Mathieu Tourauld spécialiste de l’athlétisme. Je vous laisse découvrir par vous-même leur travail.